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LA PARCELLE 32

vailler, il est sursitaire pour ça… S’il ne veut rien faire, qu’on l’emmène ! Un de ces matins, les gendarmes vont tomber chez lui…

— Laissons-le tranquille ! insistait Mazureau ; sa conduite envers nous a été plus belle que je ne l’aurais espéré… Il est peut-être malade, au surplus.

Entre ses dents, Bernard murmura :

— S’il est malade, qu’il crève ! mais, en attendant, les gendarmes vont le secouer.

Les gendarmes ne s’occupèrent point d’Honoré, mais un militaire gradé vint bien à Fougeray tout exprès pour lui. Les gens contèrent qu’Honoré s’était dit malade, mais que le militaire lui avait adressé une semonce très sévère et un avertissement. Certains prétendirent qu’Honoré, pour se tirer d’affaire, avait donné une forte pièce. Les personnes jalouses ne manquaient pas à Fougeray.

Honoré reparut dans la plaine ; on le vit travailler tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, au hasard du besoin, mais non point régulièrement. Et il ne revint pas à la Marnière.

Mazureau et Bernard durent terminer seuls leur moisson. À chaque instant, quelque difficulté nouvelle les accrochait.

Leur première mésaventure fut une fâcherie avec la femme qui, tous les matins, avait la complaisance de donner leur lait au laitier. Bernard ayant épluché de trop près le compte de la beurrerie ne sut pas cacher ses doutes devant la voisine et elle l’envoya promener. Il fallait cependant bien donner le lait ; trente litres à dix-sept sous ne se jettent pas journellement au ruisseau quand on a