Tout le monde les abandonnait ; eh bien, c’était mieux ainsi !
Ils avaient décidé de se passer de cuisinière ; décidé également de ne pas remplacer Honoré qui ne venait plus chez eux.
Ils se partagèrent le travail.
Pour la besogne d’homme, il ne se présentait pas de difficultés nouvelles ; il n’y avait qu’à travailler plus fort et plus longtemps. Mais, à la maison, ils tâtonnèrent. Bernard, qui avait d’abord refusé de s’occuper des repas, dut s’y mettre cependant tant la maladresse du grand-père était grande. Il soigna également les bêtes de la basse-cour, fit cailler tant bien que mal le lait de la chèvre, se risqua à fabriquer des fromages. La part du grand-père fut de traire les vaches et de faire le pain.
Tout cela se faisait le matin de bonne heure, ou le soir, à la tombée de la nuit, très vite.
On était en pleine moisson. Privés de l’aide d’Honoré sur laquelle ils avaient compté, ils peinèrent à suivre le mouvement des autres et leur récolte fut la dernière sur pied.
Quant à Honoré, on ne le voyait plus dans la plaine. Bernard s’informa : le gars ne travaillait nulle part, sauf chez lui, peut-être…, et encore personne ne pouvait se vanter de l’avoir vu à la Commanderie, un outil en main.
— Que peut-il faire ?… Pourquoi ne vient-il plus ici ? Il est toujours inscrit à la mairie comme devant travailler pour nous.
— Nous arriverons bien sans lui, disait Mazureau.
— C’est entendu… N’empêche qu’il doit tra-