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LA PARCELLE 32

bras de Mazureau comme sur celui d’un enfant déraisonnable.

— Mais cela n’a pas de bon sens ce que vous dites là ! Je vous l’ai expliqué ce matin…

Il s’impatienta.

— Voulez-vous nous le confier ? C’est oui ou c’est non ! Je ne vous demande pas autre chose.

— Si vous y tenez tant à cette affaire, après tout, vous trouverez de l’argent ailleurs que chez moi…. L’oncle Sicot vous en prêtera.

— Sicot ?

— Oui ! Il me disait tantôt que si vous vouliez acheter, il vous avancerait bien huit ou dix mille francs…, même davantage !

— Il ne vous a pas dit que vous étiez folle, en même temps ? Non ? Eh bien ! il l’a pensé !

Le lendemain, ils se brouillèrent complètement.

— Je m’en vais tout de suite, déclara-t-elle en pleurant de rage, et j’emmène mon fils ! Je veux qu’il apprenne un métier au lieu de s’abrutir dans ce pays de sauvages !

Alors Bernard entra en jeu.

Il commença par dire, d’une voix très calme :

— Ah oui !… Comme ça, tu veux m’emmener ! Tu veux que je sois boucher, à débiter des bêtes crevées !… Tu parles bien !… As-tu le droit de parler ?

Elle le regarda, suffoquée.

— Je suis orphelin de guerre…, j’ai la loi pour moi… Un métier, dis-tu ? Je l’ai choisi, mon métier, et je n’ai pas besoin qu’on me l’apprenne… Je veux rester ici et être mon maître… Ce n’est pas toi qui m’en empêcheras !

Elle vint sur lui, la main levée ; mais il lui