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LA PARCELLE 32

— Il y avait donc un cimetière, ici, autrefois ? demanda l’enfant.

— Oui ; il y a bien longtemps…, du temps des dragons peut-être. Les terres de ta pauvre grand’mère étaient là…, maintenant il ne reste plus que la vigne et ce carré de luzerne qui n’est pas bien grand.

L’enfant montra du doigt plusieurs lopins de terre sur la droite.

— Ce que mon père a vendu, c’était bon ?

— Il n’y a pas meilleur en ces côtés… Il n’y a qu’à semer, là dedans… Honoré de la Commanderie le savait bien ; il a des terres par là ; aussi il a tout acheté, morceau par morceau ; cela lui revient à cinq mille francs environ…, ce n’est pas tant qu’on croit.

— Mais pourquoi n’as-tu pas acheté, toi, grand-père ?

Le vieux paysan devint rouge.

— Ton père ne m’avait pas demandé conseil ; il a toujours fait ce qu’il a voulu, ton père… Je ne me suis pas occupé de ses affaires.

— C’est pour cela !

— Et puis, je n’avais pas beaucoup d’argent à ce moment-là.

Le petit gars eut un geste de découragement.

— Avec tout cela, murmura-t-il, vous avez laissé vendre ; cré nom !

Il tourna le dos et s’en alla vers Fougeray. Le grand-père suivait, la tête basse. Il demanda avec un peu d’hésitation :

— Bernard, veux-tu que nous passions par les Brûlons ?

— C’est-il pas dans la direction ?