— Nous sommes des pésans, nous autres ! ricana Bernard entre deux bouchées.
Mazureau dit de nouveau qu’il ne fallait point se tracasser pour leurs repas. Comme elle pouvait voir, ils n’étaient pas difficiles à contenter.
— Nous mangeons à quatre ou cinq heures en cette saison ; nous prenons encore un bout avant de nous coucher.
Elle ne voulut point en avoir le démenti.
— On ne mange pas à quatre heures, on ne mange pas à la nuit ; on dîne à sept heures ! à sept heures !
Dès qu’ils eurent le dos tourné, elle se mit au travail. Et à sept heures, exactement, bien qu’elle sût parfaitement qu’ils ne viendraient point, elle servit le dîner : potage, bouilli, salade, haricots verts, fraises à l’eau-de-vie. Elle l’eût servi en plein désert.
Un peu avant la nuit, comme ils revenaient pour s’occuper des bêtes, elle marcha au-devant d’eux, en tablier blanc.
— Voici une heure et demie que mon dîner attend.
— Ma bru, vous êtes aussi têtue que moi ! constata Mazureau avec une sorte d’admiration.
Tout de même, cela ne pouvait pas durer ainsi. Il l’attira à l’écart pour lui parler une bonne fois, raisonnablement. Mais elle lui tint dédaigneusement tête sur la question des repas ; et il céda. Il céda en recommandant pourtant le ménagement.
Il ne voulait pas la brusquer. Cette histoire d’argent dont elle avait parlé le matin leur avait fait dresser la tête, à Bernard et à lui. Ils avaient comploté on travaillant. Mazureau ne croyait