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LA PARCELLE 32

— De la viande de boucherie, nous en avons quelquefois ; nous en prenons à la ville, quand il faut… Ne vous donnez pas tant de soucis pour notre manger. Veillez bien à la maison, donnez du grain aux volailles et ne vous tracassez pas du reste… Pour nous, c’est toujours assez bon.

Il montra la table, les plats à peine entamés, la marmite où cuisait une poule pour le souper.

— Nous avons ici tout ce qu’il faut pour quatre jours, dit-il.

— Ils sont devenus sauvages ! pensa-t-elle en sa petite tête étroite.

Et elle se tut, ne voulant pas discuter avec ce pauvre vieux.

Dans la soirée, elle alla questionner une voisine.

Ayant appris qu’Éveline était à la Baillargère, elle prit son chapeau, son ombrelle et s’en fut rendre visite à l’oncle Sicot. Il se trouvait chez lui, justement. Ce fut à lui surtout qu’elle parla parce qu’il lui sembla plus civilisé que les autres.

Il lui fit un petit bout de conduite quand elle sortit.

— Je veux arranger l’affaire d’Éveline, disait-elle d’un air entendu. Je suis venue tout exprès.

— Vous ferez ça, ma nièce ! Il n’y a que vous pour le faire !

— Mon beau-père est rude et il a des idées que les autres n’ont pas.

De son index pointé, elle montra son front.

— Il doit avoir quelque chose là !

— D’accord ! fit Sicot.

— N’est-ce pas ? Vous l’avez remarqué aussi ?…

Il ne boit ni ne mange et la raison s’en va… Si