— De la viande de boucherie, nous en avons quelquefois ; nous en prenons à la ville, quand il faut… Ne vous donnez pas tant de soucis pour notre manger. Veillez bien à la maison, donnez du grain aux volailles et ne vous tracassez pas du reste… Pour nous, c’est toujours assez bon.
Il montra la table, les plats à peine entamés, la marmite où cuisait une poule pour le souper.
— Nous avons ici tout ce qu’il faut pour quatre jours, dit-il.
— Ils sont devenus sauvages ! pensa-t-elle en sa petite tête étroite.
Et elle se tut, ne voulant pas discuter avec ce pauvre vieux.
Dans la soirée, elle alla questionner une voisine.
Ayant appris qu’Éveline était à la Baillargère, elle prit son chapeau, son ombrelle et s’en fut rendre visite à l’oncle Sicot. Il se trouvait chez lui, justement. Ce fut à lui surtout qu’elle parla parce qu’il lui sembla plus civilisé que les autres.
Il lui fit un petit bout de conduite quand elle sortit.
— Je veux arranger l’affaire d’Éveline, disait-elle d’un air entendu. Je suis venue tout exprès.
— Vous ferez ça, ma nièce ! Il n’y a que vous pour le faire !
— Mon beau-père est rude et il a des idées que les autres n’ont pas.
De son index pointé, elle montra son front.
— Il doit avoir quelque chose là !
— D’accord ! fit Sicot.
— N’est-ce pas ? Vous l’avez remarqué aussi ?…
Il ne boit ni ne mange et la raison s’en va… Si