Elle s’excusa ; il n’y avait pas de potage : le temps lui avait manqué et aussi la viande.
— J’ai préparé une volaille, dit-elle ; à défaut de bœuf, vous vous en contenterez…, mais ce sera pour ce soir. Pour un bon pot-au-feu, il faut au moins sept heures.
Ils mangèrent les huîtres, puisqu’elles étaient ouvertes maintenant ; ensuite ils ébréchèrent une grande omelette. Quand elle leur apporta à chacun une épaisse et longue tranche de jambon, Mazureau devint rouge et Bernard jura.
— Cré nom !
La bru s’affairait, contente d’elle-même. Elle leur brassa un fromage frais entier avec du sucre et de la crème — un fromage qu’Éveline eût vendu trois francs ! — Ils refusèrent de le manger avec une petite cuiller, comme elle les y invitait. Se coupant un épais quignon, ils étendirent dessus une couche mince de fromage et se levèrent de table.
— Que faut-il prendre à la boucherie ? demanda la bru.
— Il n’y a point de boucherie ici, répondit Mazureau.
— Alors, comment faites-vous ? où prenez-vous la viande ?
— Nous n’en mangeons pas, dit Bernard ; nous ne faisons pas comme les gens de ville qui passent leur vie à table et ne se gardent pas un sou.
Elle les regarda, étonnée. Elle n’était pas au courant de leur vie, n’étant venue que rarement à Fougeray.
Mazureau expliqua, le plus doucement qu’il put :