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LA PARCELLE 32

« Tu as l’air tout à fait pésan ! » il lui jeta hargneusement :

— Dis donc ! les pésans valent bien les autres ! Je pense qu’ils valent bien les coupeurs de charognes.

Elle voulut le questionner. Pourquoi avaient-ils besoin d’argent ? Que voulaient-ils faire ? De l’argent, il devait y en avoir chez tous les croquants puisqu’ils vendaient leurs produits au poids de l’or…

Mazureau ne répondit rien, sachant bien qu’elle ne comprendrait pas. Mais Bernard dit avec orgueil :

— C’est que nous voulons nous agrandir.

— Vous agrandir ?

— Oui… Nous voulons acheter du bien… des terres…, des champs, si tu veux, puisqu’il faut tout t’expliquer.

Elle leva les bras, les laissa retomber, partit d’un bel éclat de rire.

— C’est pour cela que vous me demandez mon argent ? En quel pays vivez-vous ? Vous ne savez donc rien ?

Elle leur montra leur ignorance. Les riches vendaient, eux, pour mieux placer leur avoir. Ils n’étaient pas fous, sans doute !

Pour l’exemple, elle supposa mille francs en argent, puis mille francs placés en terre, compta le rapport, recompta, fit la preuve… C’était clair !… On perdait, en achetant des terres, tout ce qu’on voulait. Elle les considérait avec pitié, surprise de les trouver si naïfs.

— Vous feriez bien mieux de vendre ce que vous avez, mon beau-père…, et de vous établir fermier