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LA PARCELLE 32

— Pourtant, vous ne les avez pas pris… Pourquoi ?

Mazureau hésita ; ces raisons d’honneur, très confuses en lui, mais fortes cependant comme sa vie même, il ne savait comment les expliquer clairement maintenant que son exaltation était tombée.

— Je ne pouvais pas !… On n’emprunte pas aux étrangers…, on ne fait alliance qu’avec son égal.

— Mais tout le monde emprunte…, à n’importe qui !

— Non ! pas chez nous…, rappelle-toi cela… Un Mazureau ne s’humilie pas de la sorte…, ce n’est pas fier.

Voyant que son petit-fils ne comprenait pas et le regardait avec des yeux étonnés, il ajouta :

— Et puis, je suis vieux…, je puis mourir bientôt…, je ne veux pas te laisser de dettes.

Bernard se dressa sur son banc, les poings serrés, la figure ardente.

— Vous ne voulez pas me laisser de dettes ? Je les paierais, les dettes, aussi bien que vous ! Dites donc plutôt que vous ne voulez pas me laisser de biens !… Comment achèterons-nous la parcelle 32 ? Comment l’achèterons-nous ? Y avez-vous seulement pensé à la parcelle 32 ?

Mazureau baissait la tête.

— Que veux-tu ? La malchance est sur nous !

— Alors, vous ne voulez pas l’acheter ? Nom de nom ! Dites-le, que je vous entende bien.

Le grand-père lui mit la main sur l’épaule.

— Apaise-toi, nous l’achèterons quand même, nous l’achèterons sans aide, ce sera plus beau !