Il répéta, comme écrasé de chagrin :
— Ce n’est pas moi…, ce n’est pas moi… Mazureau ne comprenait pas ; il se rapprocha d’Éveline.
— C’est Maurice ! dit-elle.
Il eut une sorte de soupir rauque ; le sang lui sauta à la tête. Ses mains s’ouvrirent, montèrent au cou de sa fille. Honoré se précipita.
— Laissez-la, Mazureau, laissez-la !
Le vieux les repoussa tous les deux. Ses poings se levèrent plusieurs fois, énormes, martelant le vide. Et puis il se dressa de toute sa taille au milieu de sa maison.
— Va-t’en ! jeta-t-il d’une voix hautaine. Fille sans nom, tu n’es plus de ma famille ! Que je ne te revoie jamais sous mon toit ! Va-t’en !
Éveline passa derrière lui et sortit ; on l’entendit traverser sa chambre et courir par le jardin.
Honoré tremblait, la figure décomposée. À la fin, il tira son portefeuille.
— Ma parole est engagée envers vous, dit-il timidement. Je vous avais promis sept mille francs, je vous les apporte. Les voici : prenez-les quand même.
D’un grand geste orgueilleux, Mazureau repoussa l’argent.
— Entre nous, il n’est plus d’alliance possible… Et tant que j’aurai ma raison, je ne tendrai pas la main vers les étrangers, comme un mendiant.
— Je ne suis pas un étranger, murmura Honoré ; votre malheur est le mien.
Le vieux se redressa encore, les yeux durs.
— Qui t’a parlé de mon malheur ! Je suis encore debout !… J’ai toujours vécu seul, sans appui