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LA PARCELLE 32

ses bonnets d’enfance ? Tiens ! Tiens ! Il fallait savoir…

Il laissa tomber la brassée de fourrage qu’il tenait. Sortant de la grange, il marcha vers la maison. Il ne vit point Honoré qui, derrière lui, arrivait dans le courtil.

Il entra, vint droit sur Éveline. Montrant la table où trois assiettes seulement étaient mises.

— Tu ne veux donc pas manger avec nous ? demanda-t-il.

Elle le regarda et ses yeux, encore une fois, s’affolèrent. Il lui saisit le poignet, il le tordit ; et ses questions se pressèrent.

— Pourquoi ?… Pourquoi ne manges-tu pas, Éveline ? Pourquoi ne dors-tu pas ? Pourquoi es-tu malade ? Qu’as-tu donc fait pour tant me craindre ? Réponds ! Pourquoi ? Pourquoi ?… Répondras-tu ?

Elle se renversait de côté comme un enfant châtié qui cherche à fuir. Ses yeux errèrent, implorant toutes les choses familières autour d’elle ; ils tombèrent sur Honoré qui venait d’entrer. Et puis un bourdonnement lui emplit la tête ; elle ne vit plus rien, n’entendit plus rien, ne craignit plus rien…, et elle dit pour tout finir :

— Père ! Je suis enceinte !

Il la lâcha, recula, aperçut Honoré pâlissant. Il dit durement :

— Ce n’est pas bien, mon ami ! Quand tu es entré chez moi, je ne pensais pas que tu me ferais affront de la sorte ! Un homme de ton âge ! Tu es sans excuse, Honoré !

Le gars secoua la tête.

— Je ne vous ai pas fait affront…, ce n’est pas moi, Mazureau.