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LA PARCELLE 32

s’agrandir par là… Mazureau rêvait au jour où il s’occuperait d’arrondir ce lopin perdu des Jauneries.

Il coupa ensuite droit vers ses terres principales. Longeant un champ de pommes de terre qui dépendait de la Baillargère, il remarqua qu’il était envahi par les ravenelles. Il sourit… Des ravenelles, du plantain, du chiendent, toutes les saletés de la terre, ceux qui en voulaient de la graine n’avaient qu’à s’adresser au fermier Sicot de Fougeray…

Bernard gardait ses bêtes dans le pacage des Brûlons. Mazureau le rejoignit et lui dit :

— Je suis content, petit !

— Et pourquoi donc ? demanda Bernard.

Mazureau eut un geste vague ; il était content à cause de ceci…, à cause de cela…, content parce que la récolte était belle chez lui, parce que la guerre allait finir, parce qu’Honoré enfin, était parti chercher l’argent.

— Heu ! fit Bernard, nous ne le tenons pas encore.

— Si, dit le grand-père, nous le tenons !

Il étendit les deux bras à droite et à gauche :

— Et puis ceci avec ! S’il nous faut sept mille, nous les aurons, mais s’il nous faut dix mille, nous les aurons encore. Il l’a fort bien dit et c’est sûr à présent.

Ils firent des plans, discutèrent l’emploi de ces champs qui allaient leur revenir. Le grand-père s’animait et parlait vite, confondant les pièces à acquérir et celles qu’il possédait déjà. Bernard lui faisait la leçon et le rabrouait.

— Votre champ de betteraves !… Quel champ de betteraves ?