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LA PARCELLE 32

Éveline cousit le brassard. Quand elle eut fini, pour la remercier, il alla en chercher long ! Mazureau les regardait tous les deux et la joie de son cœur montait à ses yeux.

Il voulut faire conduite à Honoré. Côte à côte, ils passèrent devant le vieux Bernou qui, dans son encoignure, attendait le facteur, comme il faisait tous les matins depuis plus de six mois.

— Pauvre homme ! dit Mazureau, le chagrin lui a tourné les idées ; il est comme fou… Il a perdu son gars et n’a point augmenté son bien ; ces temps ont été durs pour lui…, mais il faut dire qu’il n’a jamais été trop courageux !

— Il ne fera pas fortune avant la fin de la guerre, celui-ci, dit Honoré, car la guerre va finir bientôt… Les nouvelles sont bonnes en ce moment, les Boches sont perdus.

— Je suis content ! répondit Mazureau.

Honoré sauta sur sa bicyclette et s’en alla vers la ville, disant :

— À tout à l’heure ! Je n’en ai pas pour longtemps.

— Je suis content ! répétait Mazureau en lui-même.

La joie lui venait de partout ce matin.

Le désir le prit de sortir du village et de s’en aller faire un tour dans la plaine, les mains au dos, comme un propriétaire vigilant qui visite son bien.

Le soleil était bas encore ; l’air matinal picotait le nez comme une petite prise.

Mazureau passa aux Jauneries. La luzerne y repoussait grassement ; la deuxième coupe serait belle. La vigne n’avait pas de traces de maladies ; elle résistait bien en ces côtés. Il faudrait plus tard