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LA PARCELLE 32

partir, elle sentit qu’une main lui frappait sur l’épaule. Elle sursauta. Marie Sicot était à côté d’elle.

— Tu m’as fait peur, Marie !

La cousine s’excusa.

— Je n’ai pourtant pas frappé bien fort ! Tu es tout de même craintive ! Te voilà blanche et je vois ton cœur qui bat… Tu n’es pas malade, au moins ?

Éveline s’efforça de sourire.

— Oh non ! Je ne suis pas malade…, mais il fait chaud ! Allons-nous-en tout de suite, si tu veux.

Leur panier au bras, elles quittèrent le marché. Quand elles eurent passé les dernières maisons de Querelles, Marie observa :

— Tu ne m’as seulement point embrassée ! Il y a pourtant un moment que nous ne nous sommes vues !

Éveline marchait à côté d’elle, la tête un peu penchée, les yeux fixés à terre ; elle ne répondit pas.

Alors Marie la saisit par le bras.

— Qu’as-tu donc aujourd’hui ? On te dirait partie en songe comme les dormeuses sorcières !

— Je suis lasse, dit Éveline.

— Tes jambes sont cependant meilleures que les miennes. Mais rien ne nous presse ; si tu veux, nous allons nous asseoir là-bas, à ce détour, où il y a de l’ombre.

— Je suis bien lasse ! répéta Éveline.

Marie ne parla plus mais, en marchant, elle épiait sa cousine et son cœur se serrait.

Elles allèrent s’asseoir derrière une haie d’épines dont les petites feuilles criblaient le soleil. Quand