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LA PARCELLE 32

seront dans la cour, nous ne pourrons pas nous en défendre.

— Je puis les vendre à un marchand passager, dit-elle.

Il reprit bonnement :

— Va donc à Quérelles ! tu les vendras plus cher, et puis cela te distraira.

Il était presque tendre avec elle depuis quelque temps. Elle répondit sans le regarder :

— Eh bien, j’irai donc ; je vous remercie.

Le lendemain, Éveline s’en alla de bonne heure pour profiter de la fraîcheur du matin.

De Fougeray à Quérelles, il y a une bonne lieue. Le panier d’Éveline lui tirait le bras. Elle trouva heureusement, à la sortie du village, un charretier qui s’en chargea. Elle continua son chemin plus aisément.

Des souvenirs lui venaient en foule, souvenirs lointains d’heures légères. Elle se revoyait petite fille, trottant avec son frère vers l’assemblée de Quérelles… Plus tard, n’était-elle pas passée par ces chemins en compagnie de Maurice ? Alors toutes les choses avaient un doux visage accueillant. Tandis que maintenant ! Maintenant, elle voudrait ne pas s’arrêter à Quérelles, mais marcher sans se retourner, marcher toujours, droit devant elle.

Au bourg, sur la place mal ombragée du marché, il commençait à faire chaud ; la crainte de se trouver indisposée au milieu de tous ces étrangers lui glaça le cœur. Il lui sembla que tout le monde la regardait et elle n’eut plus que l’idée de se sauver.

Elle vendit ses poulets bien vite, au premier marchand. Comme elle ramassait son panier pour