— Je vous remercie, dit-il, de vous confier à moi… N’oubliez jamais que je vous aime et que je serai toujours prêt à vous soutenir… Et je veux vous guérir, Éveline !
À l’autre bout du pré, une laveuse passait. Honoré songea qu’il serait prudent de partir afin d’éviter les commérages. Il remonta vers la Marnière, beaucoup plus lentement qu’il n’était venu. Au fond de son cœur s’installait une inquiétude qu’il ne s’expliquait pas.
Dans le pré, les bêtes, sentant la nuit venir, s’étaient, une à une, approchées de la bouchure. Mais Éveline ne bougeait pas, la tête dans ses mains, prostrée sur son pliant. Il lui semblait que tout tournait autour d’elle, les bêtes, les arbres, les maisons lointaines et que la terre montait et que le ciel chavirait. Les oreilles pleines d’une immense clameur confuse, elle se sentait choir, éperdument, dans la douleur et dans la honte.