Il secoua la tête plusieurs fois : Non ! non !
Se redressant sur les genoux, il prit la main qui tenait l’aiguille.
— Laissez votre travail… Si vous êtes bonne, regardez-moi !
Elle voulut retirer sa main, mais le gars tenait ferme.
— Regardez-moi ! Vous lirez en mon cœur que je suis en tourment à cause de vous. Je ne vous demande rien…, rien pour moi… Ce que je veux de vous, c’est un effort vers la joie… Mais je vous devine rebelle à mon moindre désir ; qu’ai-je donc fait pour que vous me détestiez ?
Elle dit, très vite, comme un enfant craintif qui veut montrer sa bonne volonté :
— Je ne vous déteste pas Honoré, je vous l’assure !
— Alors, pourquoi fuyez-vous quand je m’approche… Vous ne pouvez pas m’aimer en ce moment, je le sais bien, mais, au moins, écoutez-moi quand je vous rappelle au bon sens et à la santé !
Il serrait sa main et se penchait vers elle. Elle eut un geste suppliant.
— Je vous en prie, Honoré ! je suis lasse !
— Vous êtes malade, voilà tout !
Sous le regard aigu de l’homme, ses yeux à elle s’affolèrent. Elle balbutia, inconsciente :
— Je suis lasse, Honoré ! Je suis lasse de tout !
Ses cheveux frôlèrent la figure d’Honoré ; il y plongea ses lèvres. Elle tressaillit, mais ne recula point.
— Je suis lasse ! Je suis si lasse ! Honoré avait lâché sa main, il se releva.