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LA PARCELLE 32

Il secoua la tête plusieurs fois : Non ! non !

Se redressant sur les genoux, il prit la main qui tenait l’aiguille.

— Laissez votre travail… Si vous êtes bonne, regardez-moi !

Elle voulut retirer sa main, mais le gars tenait ferme.

— Regardez-moi ! Vous lirez en mon cœur que je suis en tourment à cause de vous. Je ne vous demande rien…, rien pour moi… Ce que je veux de vous, c’est un effort vers la joie… Mais je vous devine rebelle à mon moindre désir ; qu’ai-je donc fait pour que vous me détestiez ?

Elle dit, très vite, comme un enfant craintif qui veut montrer sa bonne volonté :

— Je ne vous déteste pas Honoré, je vous l’assure !

— Alors, pourquoi fuyez-vous quand je m’approche… Vous ne pouvez pas m’aimer en ce moment, je le sais bien, mais, au moins, écoutez-moi quand je vous rappelle au bon sens et à la santé !

Il serrait sa main et se penchait vers elle. Elle eut un geste suppliant.

— Je vous en prie, Honoré ! je suis lasse !

— Vous êtes malade, voilà tout !

Sous le regard aigu de l’homme, ses yeux à elle s’affolèrent. Elle balbutia, inconsciente :

— Je suis lasse, Honoré ! Je suis lasse de tout !

Ses cheveux frôlèrent la figure d’Honoré ; il y plongea ses lèvres. Elle tressaillit, mais ne recula point.

— Je suis lasse ! Je suis si lasse ! Honoré avait lâché sa main, il se releva.