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LA PARCELLE 32

— Je viens, dit-il, par ordre de votre père, relever la palissade que les bêtes ont abattue. Ce sont de bonnes bêtes que les vôtres ! ajouta-t-il en souriant et j’ai bien du plaisir à réparer les dégâts qu’elles ont fait.

Elle leva vers lui le regard interrogateur d’une personne qui ne comprend pas.

— Je disais que je suis heureux de venir travailler auprès de vous, reprit-il… C’est un plaisir dont j’ai été privé ces temps derniers.

— Eh bien, travaillez donc ! dit-elle ; c’est là-bas.

Elle montra, au bout du pré, la charrière où les bêtes avaient forcé. Puis elle se remit à coudre sans plus s’occuper de lui.

Honoré alla faire mine de réparer le dommage ; il enfonça quelques piquets, serra deux ou trois liens et puis il revint près d’Éveline.

— Il me faudrait au moins une serpe et aussi une barre pour faire des trous… Votre père m’envoie sans outils : je ne peux pas faire un fameux travail.

Elle était assise derrière la haie sur son pliant de bergère. Il prit place sur l’herbe à côté d’elle. Elle cousait toujours et lui la regardait.

— Je ne vous gêne pas, Éveline ?

— Non, dit-elle, vous ne me gênez pas ; vous feriez mieux cependant d’aller chercher les outils qu’il vous faut et de finir votre ouvrage…

Il remarqua qu’elle était plus pâle que de coutume avec des narines pincées. Il lui sembla qu’elle avait encore pleuré ; il dit très doucement :

— Il n’y a pas de tâche plus pressant que celle de vous arracher à votre peine. Ce n’est pas la