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LA PARCELLE 32

son but, il n’épargna rien pour favoriser Honoré. Il évita seulement d’agir trop vivement près d’Éveline ; il n’y avait plus grand intérêt à hâter son consentement.

Donc, Mazureau s’effaça, laissant à Honoré tout le champ qu’il fallait.

Celui-ci rayonnait ; le nouvel accueil qu’il recevait à la Marnière lui tenait le cœur en réjouissance.

Finies les journées interminables de labeur acharné ! Finies les journées sans sieste, les repas maussades et rapides ! On travaillait, certes ! mais comme on était en avance pour la saison, on se donnait le temps de respirer. Tous les repas se prenaient à la maison ; quand Honoré tendait son verre, Éveline était là pour lui verser la piquette claire dont la fraîcheur est celle d’un fruit cueilli à la rosée.

Il la remerciait et il portait leur santé à tous avec de grandes belles phrases qui faisaient rire Mazureau.

Bernard riait aussi parfois, mais d’un rire forcé qui sonnait mal. Lui ne désarmait pas. Houspiller le « monsieur », comme il disait, avait été pour lui un plaisir de choix qu’il eût aimé faire durer. Il lui échappait encore des remarques fort méchantes, mais son grand-père savait lui imposer silence. Il se levait de table le premier et s’en allait en sifflotant avec son chien hargneux.

Mazureau, alors, s’attardait à causer avec Honoré. Le gars s’ingéniait à amuser Éveline ; elle se mêlait quelquefois à la conversation, mais demeurait triste et pensive.

Honoré lisait le journal ; il avait de l’instruction et disait les choses nouvelles avec agrément.