vantant la fortune de l’héritière, son humeur égale et sa conduite sur laquelle personne n’avait jamais rien dit.
Toutes ces ruses n’amenèrent aucun changement. Honoré avait pensé d’abord rencontrer Éveline le dimanche ; il n’y aurait qu’à descendre le long du ruisseau vers le pré des Mazureau ou bien à monter aux Brûlons où était un pacage.
La première fois qu’il fit le voyage, il ne trouva point la bergère. Comme il s’avançait à la bouchure du pré, le chien faillit lui sauter à la gorge. Bernard était là qui souriait.
— Ton chien est fou, dit Honoré ; il me voit tous les jours et il ne me reconnaît seulement pas !
Bernard appelait la bête, mollement :
— Tout beau, Flambeau, tout beau !
Le chien vint se poser entre ses genoux en grondant.
— Il connaît pourtant bien ses amis, observa Bernard.
Honoré, désappointé, s’en retourna par où il était venu. Derrière lui, le chien bondissait et, entre les abois, Honoré crut distinguer la voix assourdie du jeune berger :
— Mange, Flambeau, mange !
Le deuxième dimanche, Honoré vit Éveline qui conduisait ses bêtes aux Brûlons. Il pensa bien lui parler cette fois et, tout galant, il prit le chemin derrière elle. Quand il arriva, Bernard était assis à côté de sa tante.
Alors le dépit commença de ronger Honoré. Il essaya bien de résister encore quelques jours ; mais la volonté de Mazureau ne vacillant point, le gars dut s’avouer vaincu.