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LA PARCELLE 32

autres à leur mauvais sort, il s’en alla par le village, la tabatière en main et le nez frémissant ; il s’en alla montrer sa joie de porte en porte.

Honoré en fut quitte pour une triste journée de repos. Bien qu’il fût encore faible sur ses jambes, dès le lendemain il revint à la Marnière. Mais il ne put parler à Éveline, et même il ne la vit qu’un instant, au repas du soir.

Il comprit alors très bien l’idée nouvelle de Mazureau. En bon joueur, il n’accusa pas le coup. Il se disait d’ailleurs que cela ne saurait durer longtemps ainsi.

Cela dura pourtant bien près de trois semaines.

Chaque soir, en se couchant, tout endolori de travail et d’accueil hargneux, le gars se faisait à lui-même de grands serments.

— Cette fois, bon Diou ! c’est bien fini ! Quand ils m’y reprendront, il fera un peu moins chaud qu’en ce moment.

Et le lendemain, dès le point du jour, sa folie le portait à la Marnière ; et il faisait encore bien chaud dans les champs des Brûlons avec les deux acharnés qui étaient à ses trousses !

Un jour, un cousin permissionnaire vint voir Mazureau. Celui-ci lui fit grand accueil, le pria à déjeuner et le fit même coucher à la Marnière. Ce cousin était un bel homme, grand travailleur et d’établissement facile. Devant Honoré, Mazureau repassait ses qualités, disant que la maison où ce garçon entrerait gendre, après la guerre, serait en bon chemin de prospérité.

Honoré riposta en allant, un soir, voir la cousine de Montverger. Et lui aussi parla adroitement,