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CHAPITRE IV


Le lendemain, quand Honoré arriva à la Marnière, à l’heure du déjeuner, il aperçut Éveline qui s’en allait, conduisant les bêtes au pacage.

La table était servie comme à l’habitude ; Mazureau et Bernard mangeaient déjà. Ils levèrent à peine la tête et, en réponse à son salut, Mazureau observa :

— Tu n’es pas en avance, aujourd’hui !

Honoré sentit le reproche mais ne répondit pas. Pour suivre sa folie d’amour, il s’était voué aux rebuffades, lui, le riche qui eût été en position de commander. Il s’assit en face des deux autres et mangea silencieusement. De temps en temps, il levait les yeux vers la fenêtre, comptant voir revenir Éveline. Elle ne revint pas.

Promptement, Mazureau se leva de table. Il commanda à Bernard de fermer les portes de la maison.

— Tu porteras ensuite les clefs à ta tante, dit-il, et tu viendras nous rejoindre aux Jauneries où nous allons tout de suite. Honoré et moi… Toi, Honoré, prends la cruche si tu veux bien…, il n’y a pas beaucoup d’eau dans la plaine !

Honoré prit la cruche et suivit Mazureau. Derrière le grand vieillard qui marchait sans parler, il avait l’air d’un petit valet bien humble.