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LA PARCELLE 32

première qualité… en hausse de 0 fr. 45 à 0 fr. 48 par kilog… Ce n’est pas sorcier à comprendre ! Comptez ce que nous perdons !

Mazureau, les sourcils froncés par l’effort, commença.

— Eh bien ! ce n’est pas difficile ! 45 centimes… quatre sous et demi la livre…, vingt livres à quatre sous font quatre francs, d’abord…, un demi-sou en plus…, ce n’est pas difficile…, attends donc !

Bernard haussa les épaules.

— Nous serions encore ici demain matin, pour ce problème… Je l’ai fait, le calcul, moi !

Il montra des chiffres au crayon dans la marge du journal.

— Vous ne verrez rien sans vos lunettes, mais c’est juste, vous pouvez me croire ! Vous deviez vendre le veau huit cent soixante francs au moins… voilà ce que vous deviez le vendre !… Mais vous, on vous offre un prix et vous lâchez tout de suite.

Mazureau écoutait modestement. Malgré la perte qu’il venait de faire, au dire de Bernard, il n’était pas du tout fâché que la leçon lui vînt de ce côté. Avec ce petit gars, il se disait que tous ses efforts ne seraient pas vains ; après lui, l’honneur des Mazureau serait en mains fermes.

Une joie profonde remuait le cœur du vieux à reconnaître le sang ardent des fortes races, à trouver enfin parmi les siens le rejeton de belle souche qui pousserait droit et percerait la futaie.

Il mit la main sur l’épaule de Bernard et, les yeux brillants, il dit, mi-plaisant, mi-sérieux.

— Te voilà plus capable que moi à cette heure. Il faudra que je prenne l’habitude de t’emmener quand je voudrai faire un marché.