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LA PARCELLE 32

coup pour lâcher son chien sur ce gars si riche avec lequel, plus tard, il lui faudrait encore partager les terres d’héritage. Il eût donné beaucoup pour le tenir à merci, pour le lapider en l’insultant. La jalousie le rongeait comme une petite bête ardente.

Tout à coup, il se retourna sur le banc.

— Ce n’est pas tout ça, fit-il ; combien donc avez-vous vendu votre veau ?

— Huit cents francs ! dit Mazureau d’un ton vainqueur.

Bernard frappa sur la table.

— Huit cents francs ! Cré nom ! Je le pensais bien… Vous vous êtes encore fait voler !

Le grand-père écarquilla les yeux.

— Tu veux plaisanter, je pense !

Mais non ! Bernard n’avait pas trop envie de plaisanter ! Il leva les bras, les laissa retomber d’un air découragé.

— C’est malheureux ! fit-il ; on a beau vous prévenir… vous n’écoutez jamais ce qu’on dit !

Le grand-père se défendit à peine.

— J’ai cru vendre au cours… Nous avions compté ; cela n’allait pas à huit cents !

D’un geste autoritaire, Bernard rasa la table comme pour renverser ces misérables objections.

— Je vous avais dit : méfiez-vous ! les prix montent… Huit cents francs, c’était le cours avant-dernier… Maintenant ! Ah bien non ! ce n’est plus ça !… Vous me faites rire quand vous me dites que vous avez vendu au cours !

Il se leva, alla prendre un journal sur la planche d’appui de la fenêtre. Il l’étala devant son grand-père et, frappant sur le papier de sa main ouverte :

— Les cours derniers, les voici ! dit-il. Veaux :