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LA PARCELLE 32

Avec la palissade que nous avons faite, il n’y aurait qu’à fermer la bouchure… Et tante Éveline pourrait venir travailler avec nous.

Alors Mazureau déclara :

— Je ne veux plus qu’elle vienne avec nous.

Éveline que la chaleur avait incommodée, décidément, sortit à l’air dans le courtil.

Bernard dit au grand-père :

— Si tante ne vient plus travailler aux champs, j’en connais un qui ne sera pas content.

— Je l’espère ! répondit Mazureau.

Et il conta à Bernard l’affaire de la foire, sa visite à la Commanderie, le refus qu’il avait essuyé et le projet qu’il faisait de mortifier le gars et de lui raccourcir la bride. Bernard hochait joyeusement la tête et approuvait. Mazureau lui parlait tout bas comme à un complice.

— Tu es sursitaire pour travailler ?… Eh bien, travaille mon ami ! Travaille sans lever les oreilles et sans regarder derrière toi !… Garde tes fariboles pour un autre moment ; il n’y a personne chez nous pour t’écouter.

Bernard se mit à rire et il avança son poing fermé.

— Quand je suis derrière lui, dit-il, je pousse dur !

— Surtout, reprit Mazureau, il ne faut pas le lâcher une minute.

Le petit gars comprit bien ce que son grand-pièe voulait dire.

— S’il s’en va faire un tour vers le pacage de chez nous, je le fais manger à mon chien !

Sa voix montait âprement. Ménager Honoré lui était une torture. Il eût donné vraiment beau-