Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
LA PARCELLE 32

m’avancer d’argent. Tu es riche d’écus, Honoré, mais bien plus riche encore de mauvaises raisons. L’amitié, entre nous, n’en sera pas plus forte !

Honoré protesta encore de ses bonnes intentions. Il saisit la bouteille pour remplir les verres, mais Mazureau retira le sien et, sans rien dire de plus, il s’en alla.

Il arriva chez lui comme Éveline et Bernard revenaient des champs pour le repas de quatre heures. Éveline mit sur la table deux assiettes seulement et elle ne mangea point.

Bernard dit :

— Il ne t’en faut pas beaucoup pour te rendre malade !

Alors Mazureau leva les yeux sur sa fille ; il la vit pâle, avec un regard inquiet.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda-t-il ?

— C’est la chaleur, dit-elle… Je n’avais pas mon chapeau et le soleil m’a étourdie. Il ne faut pas vous inquiéter ; ce n’est rien.

Mais, pour Mazureau, cette indisposition tombait juste.

— Tu travailles trop, dit-il ; tu veux faire autant de travail qu’un homme… Pourquoi ne te reposes-tu pas quand tu te sens lasse ?

Il ajouta :

— Il faudra maintenant chaque jour mener les bêtes pacager. Ce sera toi qui les garderas, Éveline… Bernard, cette année, n’est plus un petit berger d’aumailles ; il est en force de faire un travail d’homme.

Bernard observa :

— Les bêtes se garderaient bien toutes seules.