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LA PARCELLE 32

Mazureau fit effort pour cacher l’impatience qui le gagnait.

— C’est dès maintenant, dit-il, que j’aurais besoin de cet argent. Je te paierais les intérêts aussi bien que le notaire, tu ne perdrais rien.

D’un geste, Honoré marqua qu’il était au-dessus de cette misère.

— J’ai envie d’acheter des bêtes, dit Mazureau ; j’ai du fourrage à ne savoir qu’en faire… Avec la montée des prix, d’ici quelques mois, il y a des mille à gagner.

C’était une nouvelle histoire ; Honoré ne fut pas dupe.

— Vous allez acheter, dit-il, et fort cher…, si les prix ne tiennent pas, votre argent sera parti. Au lieu de jouer au commerce, attendez donc tranquillement et ne vous inquiétez pas.

Mazureau se leva.

— Je comprends bien, dit-il, que tu ne veux pas faire ce que je te demande.

L’autre, alors, se lança dans ses explications. Il pouvait, certes, retirer son argent tout de suite, mais il craignait que le notaire ne fût pas trop content. Et puis il fallait, pour cela, aller à la ville ; or, il venait de demander deux autorisations coup sur coup…, il n’osait pas en demander une autre avant quelque temps.

— Et si je me déplace sans permission en règle, deux bons gendarmes viendront me saluer et me faire leur petit conte : « Sursitaire, en route pour l’armée ! »

Mazureau le regardait de haut, un pli amer barrant ses lèvres.

— Avec tout cela, répéta-t-il, tu ne veux pas