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À cette pensée, la colère le secoua. D’un coup de pied, il dispersa les cailloux ; puis il reprit sa route.

Le mariage d’Éveline avec Honoré ! Eh bien, oui ! c’était une chose souhaitable et qui viendrait à son heure, encore que le gars fût chétif et agaçant. Mais ce qui importait par-dessus tout, c’était d’avoir l’argent tout de suite. Mazureau, de son bâton, frappa le sol. Une bonne fois, il allait couper court à ces finasseries interminables et mettre le gars au pas puisqu’il le fallait.

Ce jour-là, Honoré n’était pas à la Marnière ; Mazureau, pour le rencontrer, passa donc à la Commanderie ; et il poussa nettement la barrière du courtil comme un propriétaire qui entre chez soi.

Honoré jardinait avec l’oncle Jules. Il vint au-devant de Mazureau et, poliment, le mena à la maison et lui versa du vin.

— Je suis venu ici, dit tout de suite Mazureau, pour la chose qui me préoccupe et qui me préoccupe gravement.

Honoré, dont la pensée ne s’en allait pas par le même chemin, demanda avec inquiétude :

— Éveline est-elle donc retombée ?

Mazureau haussa les épaules.

— Éveline se porte bien maintenant ; son chagrin passe et ses idées sont raisonnables.

— Son chagrin ne passe point si vite ! reprit Honoré.

— C’est ta faute, mon ami, non la mienne !

Honoré rougit. Pour cacher son trouble, il leva son verre devant sa figure.

— À votre santé, Mazureau.