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LA PARCELLE 32

enfoncé dans la tête et bien enraciné, qu’un homme comme lui serait perdu d’honneur s’il empruntait hors de sa famille.

Il prendrait donc l’argent d’Éveline : cela allait de soi, il ne la consulterait même pas. Et il ne refuserait pas l’argent d’Honoré, car Honoré était venu au-devant de lui et, un jour ou l’autre, il épouserait Éveline ; la chose, maintenant, paraissait inévitable, rien ne l’empêchant plus.

Cependant Mazureau était d’humeur inquiète devant sa rangée de petits cailloux. Il revoyait Sicot suant d’orgueil et narguant le maigre marchand. « J’achèterai une dizaine de boisselées du côté de chez nous… »

Lui, sans doute, avait déjà l’argent en poche…, et c’était aux Brûlons qu’il songeait…

Il fallait mettre Honoré devant ses promesses, il fallait encore une fois le presser. Le gars était mou et glissant comme une anguille. Oh ! pour lancer de belles paroles, il n’y en avait pas devant lui ! Il expliquait qu’il avait son argent chez un notaire de la ville et il disait volontiers :

— Dès que je voudrai le retirer, je n’aurai qu’à faire un signe… Un petit mot d’écrit au notaire et, deux ou trois jours après, je vais à la ville et je rapporte tout ce qu’il faut.

Ce n’était pas plus difficile que cela : aussi il n’y avait pas besoin de s’y prendre longtemps à l’avance !

Le gars, visiblement, ne voulait rien lâcher avant d’avoir assuré son mariage. Cela pouvait mener un peu loin, avec l’entêtement d’Éveline. Devant Sicot et les autres, Mazureau courait le risque de se trouver désarmé le jour de la vente.