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LA PARCELLE 32

caractère ! mais pourquoi me tentez-vous ? Huit mille francs l’hectare ! si c’est possible !

— Après tout, ne le croyez pas si vous voulez !

Ils s’étaient levés ; déjà l’enfant sortait. Le notaire tendit sa main grassouillette ; l’autre la retint dans la sienne.

— Si je vendais, monsieur Boureau, je ne voudrais pas vendre à n’importe qui… Si l’homme me convenait, nous pourrions voir… Je suis comme ça… Pour parler comme vous avez fait, vous aviez des demandes ?

Le paysan interrogea et ses yeux ne quittaient pas ceux du notaire.

— C’est peut-être Léchelier ? Non ? Ce n’est pas Honoré de la Commanderie, non plus ?… Alors, c’est Sicot mon beau-frère ? n’est-ce pas que c’est Sicot ?

Le notaire, de sa main libre, lui frappa amicalement sur l’épaule et il eut son sourire bonhomme.

— Mon vieil ami, je n’ai pas de demandes…, de demandes directes. L’un veut ceci, l’autre veut cela, tout le monde veut acheter, enfin !… il faut bien que quelques-uns vendent ! Je pensais que vous seriez peut-être vendeur, voilà tout !

— Eh bien, merci, monsieur Boureau. Et au revoir ! viens-t’en, Bernard !

Ils traversèrent le bourg à grands pas traînants. Un vieux, de loin, leur donna le salut, mais le petit fut seul à répondre.

Quand ils eurent dépassé les dernières maisons, ils laissèrent la route et prirent un petit chemin traversier qui coupait droit, au milieu de la plaine, vers Fougeray.

On était en février, et le froid était net et pi-