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LA PARCELLE 32

haut, il ne pouvait dépasser ce chiffre ; il était barré là… Par conséquent, s’il ne lui venait pas d’aide, la parcelle des Brûlons, payable comptant, passerait à Sicot ou bien à un autre du pays…, et elle serait à jamais perdue pour la famille car les paysans ne lâchent pas leurs terres comme des gens de ville. Or, le bien des Mazureau était là, non ailleurs. C’était autour du cimetière qu’il fallait reconquérir la terre, premièrement. On verrait ensuite à s’agrandir d’un autre côté si l’on pouvait.

Pour acheter ces champs que l’on mettait en vente sous le même numéro 32, il fallait s’attendre à débourser 25 000 francs tout de suite ; 7 000 manqueraient donc, au plus bas mot. Une misère pour certains, une misère pour Honoré…

Avant la guerre, on n’était pas sûr de trouver toujours cent écus dans les bas de laine de ceux de Fougeray ; maintenant, il y avait bien plus de 7 000 francs dans chaque portefeuille ! Mazureau cependant ne songeait pas à emprunter. D’abord ce n’eût pas été facile au village, où chacun gardait son argent dans l’attente des belles occasions d’achat. Porter son argent aux guichets de l’État, passe encore ! car il était aussi commode de payer avec des bons qu’avec des billets de banque ; mais prêter à un voisin, à un concurrent, cela non ! il eût fallu être un peu sot !

À la ville, Mazureau eût peut-être trouvé plus aisément un prêteur, mais il eût fallu à coup sûr laisser prendre hypothèque et c’était déplaisant.

D’ailleurs, il répugnait à Mazureau d’emprunter. Il se sentait vieux et ne voulait pas laisser de charges après lui. Surtout il avait ceci bien