grand’chose à vendre. Il n’avait pas de bœufs de huit mille francs comme Sicot !
« Huit mille francs…, une disaine de boisselées du côté de chez nous… »
Pour la vingtième fois peut-être, Mazureau fit le compte de sa fortune ; tant d’argent à la maison, tant à recevoir pour le lait, tant pour les bêtes, pour la récolte, tant !… À chaque mille, il allongeait un doigt. Il arrivait à un chiffre qui, cinq ans plus tôt, lui eût semblé quasi miraculeux…, mais qu’était-ce à présent !…
L’important n’est pas d’être riche, mais bien d’être plus riche que les autres. Or, les produits de la terre ayant presque décuplé il y avait de l’argent chez tous les paysans et, chez tous, l’envie de s’en servir, la hâte d’acheter, d’établir durablement sa fortune.
Mazureau recommença encore son calcul. Pour être bien sûr de ne pas se tromper, il marqua les gros chiffres devant lui avec des cailloux. Mais sa nouvelle manière de compter ne changea point le total. Alors il songea qu’il prendrait l’argent d’Éveline. Il eût aimé s’en passer ; pour ce qu’il voulait faire, sa joie eût été d’agir seul, d’être victorieux par ses seules forces. Mais il n’y avait véritablement pas moyen.
Éveline avait eu en argent sa part d’héritage, trois mille francs que lui, Mazureau, avait placés peu de temps auparavant, en bons du gouvernement. Sans doute elle avait aussi quelques sous d’économie. Mazureau mit trois cailloux de plus et puis, à la réflexion, un quatrième ; et il compta toute la rangée. Eh bien ! cela ne faisait que 18 000 francs. En mettant chaque chose au plus