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LA PARCELLE 32

veux, un peu longs et frisottants au-dessus des oreilles, mais par derrière, recta.

En main son aiguillon de néflier, sculpté à vif dans le jeune bois croissant, il conduisit ses limousins sur le foirail. Quand il les eut attachés, il regarda autour de lui. Il y avait des bœufs d’un peu partout et de toutes races : des vendéens, des parthenais, des nantais, des manceaux, quelques charolais, quelques limousins…, mais de comparables aux siens par la charpente et la qualité on pouvait en chercher !

Il avait eu le soin de se placer au beau milieu du foirail, entre deux paires de biquets nantais, ossus, cornus, propres au travail, non à la boucherie. Le poil de ses bœufs luisait à côté du poil sec des autres, comme sa blouse luisait entre les vestes de cotonnade des voisins.

Les marchands tournaient autour des bêtes. Ils vinrent faire leur bruit autour des bœufs nantais ; mais c’était faux jeu ; tous couvaient de l’œil la belle paire limousine. En passant, sans parler à Sicot ni faire mine de s’intéresser à rien, ils jetaient des caresses savantes, visant les maniements.

Survint un petit vieux ganté à l’allure de rentier. Il ne toucha point les bœufs, ne mania ni la côte, ni le pavé, ni même les abords ; son regard s’arrêta seulement sur les bêtes un instant et il vint près de Sicot.

— Ces bœufs sont-ils à vendre ? demanda-t-il poliment.

Le bonhomme, de belle humeur, répondit :

— Sûrement, je ne les ai pas amenés ici pour les donner !

— Eh bien, mon ami, quel est votre prix ?