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CHAPITRE III


À la foire de la mi-juin, Sicot vendit une paire de bœufs limousins huit mille francs.

Un marchand passager lui en avait offert sept mille deux cents, cinq jours plus tôt ; et le bonhomme avait été bien près de conclure marché.

L’orgueil, seul, l’en avait empêché. Il eût fallu, au petit jour, mener ses bœufs à la gare d’embarquement et personne ne les eût remarqués, que deux ou trois employés méprisants. Pour ces gars à casquette, un bœuf, eh bien, ce n’est pas un cheval et voilà tout ! cela ne vaut pas la peine d’être particulièrement examiné… Bœufs, vaches, moutons, porcs, c’est du bétail à tant par wagon ; et les paysans aussi pour finir le compte !

Tandis qu’à la foire !…

Ayant fait la toilette de ses bœufs, lissé le poil, étrillé à fond la queue et les cuisses, adouci la base des cornes, Sicot vous les coiffa d’un beau joug neuf et, sur leur front, passa des courroies blanches dont il noua le bout pointu en deux petites bouclettes placées à distance exacte.

Lui-même avait mis sa première toilette, ses souliers à élastiques, sa blouse à boucle d’argent et son chapeau de paille fine. Le perruquier de Fougeray l’avait rasé et lui avait coupé les che-