terre, tout de même. Mais les huit mille francs par hectare, voilà ce qui n’est pas sûr.
Le notaire se pencha.
— Mazureau, écoutez bien ceci : si vous voulez vendre, je vous garantis huit mille francs à l’hectare. Je vous les garantis…, et peut-être obtiendrait-on davantage. Vous entendez ?
— J’entends, monsieur le notaire…, huit billets de mille francs, huit méchants bouts de papier pour un hectare de bonne terre…, six boisselées et demie.
— Ce serait payé, il me semble ; réfléchissez donc !
Mazureau changea de ton, subitement.
— Pourquoi me dites-vous tout cela, monsieur Boureau ?
Le notaire se renversa dans son fauteuil.
— Eh bien ! parce que vous êtes mon client…, parce que c’est mon métier, enfin !
— Monsieur Boureau, pourquoi me conseillez-vous de vendre mes terres, les terres que je tiens de mon père, les terres des Mazureau ?
Ils se regardèrent dans les yeux comme des adversaires.
La voix du paysan était tremblante et basse.
— Pourquoi dites-vous cela ? Pourquoi ? Vous croyez donc que je suis ruiné ? Je n’en suis pas encore là, monsieur le notaire !
— Il ne s’agit pas de ruine… Je vous parle d’une affaire intéressante, je vous parle en ami et, tout de suite, vous allez ! vous allez !
Le vieux s’efforça de rire et ses yeux s’abaissèrent.
— C’est vrai, monsieur Boureau ! j’ai mauvais