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LA PARCELLE 32

— Si je le laissais ici, dit-elle, mon père le déchirerait peut-être comme il a déchiré l’autre.

— Il a donc toujours ses idées d’alliance avec celui de la Commanderie ? demanda Marie.

— Il les a toujours…, je le crois…, répondit Éveline. Il ne me tourmente guère en ce moment, mais cela recommencera peut-être… J’en tremble !

— Et l’autre, vient-il chez vous comme avant ?

— Il vient deux jours par semaine…, quelquefois trois ou quatre… Aujourd’hui, il est encore ici.

Marie jeta vivement :

— J’espère bien que tu ne vas pas l’écouter…, et que tu le prieras de rester chez lui.

Éveline baissa la tête.

— Mon père a besoin de lui pour le travail, dit-elle ; d’ailleurs, il est très honnête ; il ne m’importune plus.

— Si j’étais à ta place, reprit sévèrement Marie, je ne voudrais pas ce gars autour de mes cotillons. C’est un vieux rusé qui cherche à t’endormir… L’autre soir, qu’est-il donc venu faire dans le jardin auprès de nous ? Ce n’est pas pour moi qu’il s’approchait ainsi…

Éveline eut un geste de lassitude.

— Que veux-tu que je fasse ? Ce n’est pas moi qui commande chez nous… Et j’ai assez de ma peine sans me créer de nouveaux soucis.

— C’est manque de courage ! Si tu voulais, tu te débarrasserais bien vite de ce vilain homme ; si j’étais à ta place…

Marie s’arrêta, interdite ; ayant tourné la tête, elle venait d’apercevoir Mazureau, debout dans l’embrasure de la porte. Il était arrivé sans bruit