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LA PARCELLE 32

Marie ne répondit pas ; elle enveloppait le portrait dans un papier de soie.

Éveline prit à sangloter.

— Marie, dit-elle humblement, je voudrais…, je voudrais…, Pourrais-tu me laisser ce portrait, Marie ? Ce serait grande charité.

L’autre s’était détournée ; déjà elle glissait la carte sous son corsage.

— C’est qu’il n’est pas à moi toute seule, balbutia-t-elle. C’est à mon père qu’il l’avait envoyé.

Mais Éveline :

— Ce serait grande charité…, car je n’ai plus rien…, et tu ne sais pas ! tu ne sais pas !

Accoudée sur la commode, elle se cachait la figure dans ses mains. La vieille fille s’approcha tout près pour recueillir l’aveu.

— Tu ne sais pas, Marie… J’ai des droits que tu n’as pas… Nous devions faire notre noce bientôt et nous avons été faibles, tous les deux…

Marie, les lèvres blanches, murmura dans un souffle :

— C’est mal !

Puis, elle reprit aussitôt :

— C’est mal de ta part, Éveline !

— Je ne regrette rien à présent ! Il était mon maître… Tu vois bien que j’ai des droits… Il n’était rien pour toi, qu’un garçon comme les autres.

Marie répéta :

— Il n’était rien pour moi !

Prenant le portrait sur sa poitrine, elle le posa sur la commode.

— Voilà ! dit-elle, tu pourras le voir à toute heure du jour.

Éveline prit le portrait et le cacha dans un tiroir.