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CHAPITRE II


Pour venir de la Baillargère à la Marnière des Mazureau, Marie Sicot ne prenait pas le chemin droit qui passe au milieu du village. Elle faisait un détour, non pas très long, mais assez fatigant, car il lui fallait descendre, par le jardin de chez elle, jusqu’au bord du ruisseau, traverser un pré et grimper ensuite le raidillon de la Marnière qui la mettait hors d’haleine.

Elle passait par là parce qu’elle ne tenait pas à être vue. Son père lui avait fait défense d’aller perdre ainsi, chaque jour, deux heures chez sa cousine.

Sicot était rude et de sang chaud ; bien qu’il n’eût rien contre sa nièce et que toute sa colère fût contre Mazureau, il ne pouvait souffrir ces nouvelles manières. Mais Sicot n’avait jamais été absolument le maître chez lui, à cause de la douce obstination des femmes.

Pendant qu’il tempêtait, jurait, faisait ses menaces, personne ne sonnait mot.

Dès qu’il était parti, Marie se hâtait d’expédier sa besogne et elle disait à sa mère :

— Je pourrais peut-être aller voir si cette pauvre petite se remet.

Parfois, c’était la mère elle-même qui demandait :

— Sais-tu comment cela se passe chez ta cou-