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LA PARCELLE 32

— Il laboure, monsieur Boureau, il laboure…, et je vous assure qu’il m’aide bien !

Il tendit le bras, mit sa main sur la tête de l’enfant.

— Ce petit-là, monsieur Boureau, c’est ma compagnie !

— Au fait, reprit le notaire, si cette maudite guerre finissait, ce serait bien votre tour de vous reposer, Mazureau ! Vous pourriez abandonner la culture et vivre paisiblement, en bon petit rentier. Vous avez de quoi ; vous avez de l’argent, vous avez des terres…

— Je me reposerai comme ont fait mes anciens, quand je serai mort… Il en faut, de l’argent, pour vivre aujourd’hui !

— Vous en auriez ! vous en auriez ! Je suppose que vous vous débarrassiez de vos champs… Je ne dis pas de tous ; vous garderiez un bout de jardin et même un pré pour avoir une vache… Non ? cela ne vous conviendrait pas ?

Le paysan avait levé la tête.

— Bien entendu, poursuivit le notaire, je parle de vente et non de location. Une boisselée se loue quinze francs, mais vous ne seriez pas en peine de la vendre douze cents francs… parfaitement ! huit mille francs l’hectare… que je vous placerais à six du cent lors des emprunts d’État.

Mazureau écoutait, les lèvres serrées. Il hocha la tête à plusieurs reprises.

— Tout ça, ce n’est pas sûr !

— Comment ? Pas sûr, les emprunts d’État ?

— Ce n’est pas cela que je veux dire… Les papiers d’État, c’est solide…, moins solide que la