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LA PARCELLE 32

s’asseoir auprès d’elles… Ne fallait-il point parler à Marie d’une certaine question de pacage que Sicot avait tranchée un peu vite à son bénéfice ?

Honoré commença donc par faire la remontrance, mais bonnement, en maître bénévole, avec qui il y a plaisir à s’arranger.

— Je dirai cela à mon père, promit Marie.

Honoré reprit avec un sourire :

— Si vous n’y pensiez pas tout de suite, il ne faudrait pas vous en chagriner. L’affaire est d’importance vraiment petite.

Il n’avait plus rien à dire maintenant et, près de lui, les deux filles se taisaient, attendant qu’il partît. Mais non ! il ne pouvait pas partir encore ! Il se pencha à côté de Marie.

— Éveline, dit-il, je pense que vous êtes maintenant guérie !

— Je vous remercie, dit-elle ; je n’ai pas été malade.

Honoré risqua d’une voix anxieuse :

— Vous n’avez pas été malade de corps, peut-être…, mais vous avez eu du chagrin et le chagrin aussi est une mauvaise maladie.

Il se pencha encore un peu pour l’apercevoir. Elle se tenait droite, les mains sur les genoux et le regard levé au-dessus des arbres du jardin, vers le vague de l’air.

— Le chagrin est une mauvaise maladie…, et c’est la guérison de cette maladie que je souhaite, Éveline !

Il vit la poitrine de la jeune fille se soulever et, tout à coup, le fin profil s’abaissa, les paupières retombèrent. Éveline pleura.

Marie l’avait prise à la taille.