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LA PARCELLE 32

vient-il plus travailler chez nous ? Est-il donc parti en guerre dans les pays étrangers ?

Honoré se réveilla, gêné d’haleine et le cœur palpitant. Redressé, il cherchait à rattraper les images fuyantes du songe inachevé.

— Je suis plus tourmenté qu’un jeune gars bachelier, murmura-t-il. Mais je fais des rêves de marchand ou de beau-père…, et je connais la peine d’aimer, non la douceur.

Sur les bâtiments de la Commanderie, sur les prés, sur les champs riches qu’il tenait d’héritage, son regard flotta tristement. Et il pensa avec un peu d’amertume et d’irritation :

— Avec tout cela, j’étais plus pauvre à ses yeux qu’un insouciant valet !… Si j’étais un homme rancunier, elle ne me verrait plus jamais auprès d’elle et je la laisserais à sa misère entre son père acharné et son triste neveu. Je ne suis pas un homme rancunier… Cependant il est bon qu’elle m’attende un petit moment et je n’irai pas la consoler de son chagrin… À coup sûr, je n’irai pas aujourd’hui.

Ayant pris encore une fois cette résolution, il s’en alla dans son jardin travailler un peu…, et puis vers le soir, après souper, il fila droit vers la Marnière… Ne fallait-il pas emprunter un pain pour ses vieux ?

Il alla donc à la Marnière. Au crépuscule, il y était encore. Marie Sicot était venue, en cette soirée de dimanche, tenir compagnie à sa cousine. Comme Honoré causait avec Mazureau, les deux filles sortirent dans le jardin où il y avait un banc de pierre.

Honoré ne tarda point à sortir aussi et il alla