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LA PARCELLE 32

— Est-elle tout à fait guérie, ce matin ? demanda-t-il.

— Vous croyez donc qu’elle a été malade ?

— Elle a eu du chagrin tout au moins.

Bernard haussa les épaules.

— Elle a fait ses petites manières…, oui ! mais je pense bien que c’est fini, maintenant. Ce n’est pas bien la saison de rester au lit à pleurnicher et se faire dorloter. Il y a du travail pour tout le monde chez nous.

Il continua sournoisement :

— Tante Éveline, elle faisait semblant d’être très malade et de ne s’occuper de rien… Elle a bien remarqué quand même que vous n’êtes pas venu travailler hier… Elle a demandé pourquoi.

Honoré se releva.

— Tu es sûr qu’elle a demandé cela ?

— J’en suis sûr en effet ! C’est à moi qu’elle l’a demandé.

Comme Honoré s’éloignait, Bernard ajouta :

— On a parlé d’emmener d’autres hommes ; elle a sans doute peur que vous vous en alliez à la guerre, vous aussi.

Honoré eut envie de ramasser une pierre ! Il se contint pourtant et s’éloigna, suivi, jusqu’à la route, par le chien qui aboyait rageusement à ses talons.

Il passa chez un voisin emprunter du pain pour le repas de midi et rentra à la Commanderie.

L’oncle Jules somnolait au soleil devant la porte. Dans la maison, la servante faisait manger des poussins sur une table. Elle les faisait boire aussi. Ayant creusé, dans le bois de la table, deux petites rigoles, dans l’une, elle leur avait versé