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LA PARCELLE 32

line partir en faiblesse à l’aveu de Marie, son dépit, certes, avait été grand ! mais un nouvel espoir s’était levé bien vite en son cœur. D’ailleurs Mazureau lui avait parlé directement, en homme pressé que la passion aiguillonne.

Lui, Honoré, ne serait pas si fou que de risquer sa chance prématurément. Se hâter serait laid et maladroit ; avec de la patience, la victoire viendrait d’elle-même.

Durant cette semaine, il n’était allé travailler qu’un seul jour à la Marnière ; il s’était montré compatissant, mais avec réserve et discrétion.

Aujourd’hui, il n’irait pas s’y promener comme il faisait les dimanches précédents.

Non ! il n’irait pas !… Mais il avait tout son temps sur les bras et cette journée menaçait d’être bien longue.

Le soleil commençait à chauffer le mur au pied duquel il était assis. Il se leva et regarda la plaine. Ses yeux s’arrêtèrent du côté des Brûlons. Il vit que les bêtes de Mazureau y paissaient ; alors il se dirigea de ce côté.

Bernard était là, assis à l’ombre d’un cyprès ; il lisait un journal, son chien à côté de lui. À l’approche d’Honoré, le chien gronda ; Bernard leva la tête, mais tout aussitôt, il se remit à sa lecture.

— Les nouvelles de la guerre sont-elles bonnes ? demanda Honoré en s’asseyant à côté du jeune gars.

— Pas trop ! Ils veulent encore taxer le beurre.

Honoré ne put s’empêcher de sourire.

— Il est déjà taxé…, et cela ne gêne personne en nos côtés.