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LA PARCELLE 32

— Mettez du vin ! dit-il ; avec du vin, vous verrez comme c’est bon !

L’oncle versa du vin dans son assiette et avala la soupe. Il en fut ragaillardi et ne parla plus de la cousine de Montvdrger. Ce n’est pas d’ailleurs qu’il tînt à celle-ci plus qu’à une autre… Il en parlait par habitude, toutes les fois que cela n’allait pas trop ; aussi, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de sujets de conversation.

L’oncle avait soixante-quinze ans et passait son temps à se quereller avec la servante. Il baissait beaucoup depuis quelques mois, mais, contre la vieille, il tenait encore bon. Il lui reprochait son âge, ses infirmités, sa malpropreté et aussi des choses anciennes, tout ce qu’elle avait fait et tout ce qu’elle n’avait point fait. Malgré qu’elle fût très sourde et que sa voix, à lui, fût grelottante et cassée, il savait encore bien la faire entendre et il ne manquait pas de souffle pour la honnir.

La soupe mangée, l’oncle Jules, mis en appétit, ouvrit son couteau et coupa un morceau de fromage. Puis ses yeux errèrent…, il n’y avait pas de pain sur la table !

Honoré se leva de nouveau et passa dans la pièce voisine où était la boite panetière. Il n’y avait pas de pain dans la boite… Mais tout au fond de la pièce, sur une petite table, un coq nain picotait des grignons durs ; il piochait du bec, grattait et éperonnait la table pour envoyer des miettes à deux poules qui étaient restées à terre.

Honoré sortit dans la cour, cherchant la servante. Elle traînait ses sabots aux abords du poulailler. Il lui fit un signe d’appel mais elle ne bougea