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LA PARCELLE 32

— Reste une minute, dit-il rudement ; elle te doit des excuses.

Sous sa main gauche, Éveline plia.

— Fille de rien ! Qui t’a donc appris à jouer la comédie ? As-tu pensé te moquer impunément de celui-ci qui est honnête et dont la demande te fait gloire ? As-tu pensé le berner au profit d’un galvaudeux ?… As-tu donc perdu la raison, fille Mazureau ? Ne sais-tu pas que, sous mon toit, ma parole est respectée et que jamais personne ne l’a tournée en dérision ?

La voix du grand vieux montait ; les éclats de sa colère devaient aller jusqu’à la route. Une fille qui passait s’arrêta pour écouter.

Alors Bernard qui se tenait dans le courtil, l’oreille au guet, se décida à pénétrer dans la maison.

— Il y en a une qui écoute ! dit-il.

Mazureau continua plus fort :

— Je voudrais qu’il y eût tout le voisinage pour la honte de celle-ci !

Bernard s’était à nouveau penché vers la porte. Il reprit, vivement :

— Et puis voici quelqu’un qui vient. C’est la cousine de la Baillargère… Je ne sais pas ce qu’elle a !

Comme il achevait, Marie entra.

Marie entra, la figure décomposée, méconnaissable. Sans s’occuper des autres, elle vint près d’Eveline, et, gauchement, de ses deux rosses mains inhabiles aux caresses, elle la prit par le cou, elle l’attira sur sa poitrine.

Mazureau, surpris, avait lâché le bras de sa fille ; sa colère fut prompte à revenir.

— Marie Sicot, je suis content de te voir, dit-il ;