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LA PARCELLE 32

pas se marier avec moi. Si vous la tourmentez, je m’en vais tout de suite.

Mazureau n’écoutait pas ; sortant dans la cour, il appela Éveline.

Elle vint du fournil. Tout de suite, en les voyant là, elle comprit ce qui se passait. Elle pâlit, son cœur prit à battre sur une cadence affolée.

— Éveline, dit Mazureau, voici Honoré qui vient ce matin te demander en mariage… Tu es en âge de t’établir et lui aussi. Tu manqueras à ma maison, mais je ne veux que ton bonheur… Tu n’as qu’à fixer avec lui la date que tu préfères ; le plus tôt sera le mieux.

Sous les regards dardés de son père, Éveline se sentit pâlir. Elle se tourna vers Honoré ; la tête basse, l’air honteux, il marchait vers la porte. Elle le devina aussi peu vaillant qu’elle-même et cela la redressa.

— Père, dit-elle, je vous remercie et je remercie Honoré. Je lui ai dit, hier, que mon intention n’était pas de me marier avec lui.

Elle ajouta, d’une voix entrecoupée mais nette cependant :

— Mon intention est de me marier avec Maurice dès qu’il pourra avoir une nouvelle permission. Je pense que ce sera bientôt.

Au cœur de Mazureau la colère flamba. C’était l’écroulement de tout et il n’était pas de ceux qui se lamentent ou qui se résignent.

Il se leva droit ; un brusque désir lui vint d’empoigner ces deux faibles qui étaient là et de les choquer l’un contre l’autre.

Sa main droite s’abattit sur l’épaule d’Honoré qui s’éloignait.