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LA PARCELLE 32

Ce chétif qui était là, devant lui, avoc quelle joie il Teût pris par le cou pour le plier, lui aussi, à sa volonté !

Il perdit un peu la maîtrise de sa pensée et il ne put s’empêcher de dire :

— Tu dois cependant venir ! Tu as fait inscrire ton nom en face du mien comme sursitaire d’armée. Si tu ne viens pas, ils te renverront au régiment.

— Qu’ils viennent donc me chercher ! dit Honoré. Je n’irai plus chez vous… Il ne faut pas vous fâcher, Mazureau, mais vous comprenez bien que c’est impossible puisque votre Éveline se marie !

— Elle se marie ! Elle se marie ! Bien sûr ! mais c’est avec toi qu’elle se marie !

— Faites-la donc changer d’idée ! dit Honoré, après, nous pourrons reparler de cette affaire.

Là-dessus, il s’en alla du côté de chez lui. Mazureau, resté seul au milieu du chemin, lui cria encore, sur un ton de commandement :

— Viens chez nous, demain matin, sur les onze heures… J’ai besoin de toi.

— Vous êtes bien honnête, répondit le gars, mais je n’irai point.

Le lendemain à dix heures et demie. Honoré arrivait à la Marnière.

Ayant passé toute la nuit en agitation, il s’en était allé dès l’aube faire un tour dans la plaine. II s’était donné le prétexte d’aller voir ses prés, sa vigne, d’aller voir aussi des clos écartés qu’il possédait du côté de Quérelles.

Et il n’avait vu ni les prés, ni la vigne, ni les champs de Quérelles. Marchant au hasard, il n’avait rien vu.