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LA PARCELLE 32

— Nous ne t’avons pas vu aujourd’hui, dit-il ; es-tu donc fâché contre nous ?

Honoré rougit brusquement.

— Qui a pu vous faire croire cela ?

— Tu as été un moment dans le jardin, hier au soir, avec Éveline… Je supposais que, peut-être, elle n’avait pas parlé à ton gré.

Honoré répondit vivement, jetant ses mots :

— Non ! elle n’a pas parlé à mon gré…, puisque vous voulez que je vous le dise… Ses paroles m’ont étonné, après les vôtres…, elle m’a appris qu’elle se mariait dans quelques jours…

Mazureau se mit à rire.

— Et tu as cru ce qu’elle te disait ? Pour un homme de ton âge, tu n’es pas difficile à engeigner !

— Je ne suis pas difficile à engeigner ! c’est possible !… Mais je suis moins aveugle que vous ne le pensez…, peut-être même moins aveugle que vous. Il est bien certain pour moi, maintenant, que votre fille nous a joués tous les deux.

— Non ! non ! et non ! Éveline a toujours agi selon mon désir et jamais contre moi elle ne fera rébellion ! Viens chez moi demain matin, tu en auras la preuve… L’intention d’Éveline a été de rire un peu à tes dépens et toi, pauvre, tu l’as écoutée en toute innocence !

— Je n’irai pas chez vous, dit Honoré… Encore une fois, je vous dis que j’ai fini par comprendre que ma place n’était pas à la Marnière. Votre fille se marie et, ni demain, ni après-demain, ni les autres jours, vous ne m’aurez à votre disposition pour préparer sa noce.

Un flot de sang empourpra la figure de Mazureau ; derrière son dos, ses poings se crispèrent.