Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LA PARCELLE 32

pas au juste… Mais, à moi, elle a dit qu’elle se mariait dans trois semaines avec ce Maurice que vous connaissez bien… Et elle n’avait pas l’air craintive du tout !

Mazureau grommela :

— Elle ferait mieux de se taire et toi aussi ! Je suis fatigué d’entendre parler de ce pars de rien !

— Pourtant, tante doit vous en parler encore… elle me l’a très bien dit et elle semblait tout à fait décidée.

— Qu’elle essaye ! Elle n’en dira pas long !

Dans la matinée, comme Mazureau se disposait à aller trouver le voisin Léperon pour cette dent infernale, il reçut la lettre de Maurice.

Elle commençait très simplement, cette lettre, et de façon directe :

Je vous écris pour vous demander votre fille en mariage. Nous comptons nous marier dans peu de jours, probablement le 4 juin…

Il y avait ensuite plusieurs phrases d’honnêteté banale ; Mazureau ne les lut point. Froissant la lettre, il la jeta dédaigneusement à terre.

À ce moment, ayant porté la main à sa joue, il constata que sa dent ne lui faisait plus mal. La contrariété avait coupé la douleur, tout net, comme un baume de sorcier.

Il se décida à brusquer les choses. Le soir même, en revenant des Brûlons, il fit un détour par la Commanderie. Par chance, il trouva Honoré sur le chemin, devant sa cour, et il l’aborda franchement.