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LA PARCELLE 32

Mazureau de Fougeray capable de porter haut le nom de la famille… Il y aura Bernard Mazureau, le seul héritier franc de Mazureau le Riche.

Bernard ferait aux Brûlons de grands sillons et de belles semailles ! On n’allait pas renoncer à cette gloire à cause d’un enfantillage ! Ces jeux d’innocents avaient assez duré.

Mazureau s’étendit sur le dos. La douleur lui tenaillait toujours la joue, mais son inquiétude orgueilleuse eût suffi à lui tenir les yeux ouverts. La crainte de voir lui échapper cette parcelle des Brûlons était plantée en un point sensible de son cœur comme, en sa mâchoire, cette dent inébranlable.

Il ne dormit pas une minute. Au chant du coq il se leva et, une fois encore, il essaya en vain de faire sauter sa dent.

Puis, ce fut l’aube. Bernard vint dans la grange rejoindre son grand-père. Ils pansèrent leurs bêtes et se préparèrent pour le travail du jour. Honoré devait venir les aider. À l’heure de la soupe, Mazureau remarqua qu’il n’était pas encore arrivé.

Bernard sourit.

— C’est vrai ! il n’est pas venu, ce matin, le « monsieur » ! Il voulait donc vous parler en secret, hier…, que vous m’avez fait signe de partir ?

Mazureau ne répondit pas et Bernard continua d’un air malin :

— S’il ne revient pas ce matin, c’est peut-être qu’il n’est pas très content… Tante Éveline a dû lui faire un petit compliment bien tourné… S’il l’a trouvé de son goût, il n’est pas difficile.

— Qu’a-t-elle dit, Éveline ?

— Ce qu’elle a dit au « monsieur » ? Je ne le sais